Ainsi je suis passionné depuis mon enfance par l'histoire et par les objets qui s'y rattachent et témoignent de la culture et de l'activité commerciale des civilisations.
C'est à l'âge de 13-14 ans que j'ai abordé la numismatique grâce à une personne qui a bien voulu consacrer une partie de son temps pour partager et transmettre son savoir et sa passion au jeune profane que j'étais.
Cette personne, déjà expert auprès de salles de ventes publiques, m'a, à l’époque fortement encouragé à envisager un avenir professionnel dans ce domaine.
En 1994, j'ai donc décidé de développer le magasin dans l’achat-vente-expertise de monnaies et objets antiques ou anciens en plus de la vente de détecteurs de métaux et de la recherche à l’aide de ce type de matériels.
Depuis, donc 15 ans, c’est à titre professionnel et non plus amateur que je suis amené toute la journée à voir, identifier, vérifier l’authenticité, rendre des avis, établir des expertises “pour servir et valoir ce que de droit” dans le cadre de partages amiables, aux fins d’assurer lesdits biens par une compagnie, par exemple, et, bien sur, vérifier leur provenance lors d’éventuelles acquisitions.
Ces monnaies couvrent une période qui s'étend du sixième siècle avant Jésus-Christ jusqu’à nos jours et concernent le monde entier. Cela nécessite une documentation particulièrement précise et adaptée, ainsi qu’une méthode de recherche afin d’identifier, authentifier et donner une valeur de marché.
La seule possession et utilisation des ouvrages de référence ne permettent pas à eux seuls d’arriver au résultat souhaité. Il faut déjà savoir où et comment chercher et à quoi correspondent les termes précis utilisés en matière de numismatique.
Cela est un peu, si vous me permettez le parallèle, comme si vous confiez un Code Civil à une personne quelconque n’ayant aucune connaissance juridique particulière : elle aura du mal à savoir où chercher les textes et comprendra et restituera les mots dans un langage courant.
De la même façon qu’un meuble n’est pas forcément, au sens juridique, celui que l’on a dans la cuisine ou dans le salon, un état de conservation TB (Très Beau), en numismatique, indique que la monnaie ou le billet est dans un état de conservation très faible et sa valeur sera en lien direct avec la qualification exacte de l’état.
D’un autre côté la raréfaction d’un certain nombre de monnaies, médailles et objets antiques de qualité entraîne également la profusion de copies et faux plus ou moins intellectualisés qu’il faut pouvoir discerner du reste. Cela est rendu possible par la connaissance de critères précis et la mise en situation permanente du professionnel.
Le développement de “l’outil internet” entraîne, aussi le déversement sur le marché du meilleur mais aussi du pire en provenance du monde entier. Autant de source de conflits et litiges qui ne peuvent qu’aller en augmentant compte tenu du nombre d’acteurs en présence.
La violation d’un certain nombre de règles liées à l’import / export a déjà conduit depuis longtemps la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects à s’entourer, au niveau national, d’environ 1.200 Assesseurs de la Commission de Conciliation et d’Expertise Douanière (C.C.E.D), dont je fais partie depuis l’arrêté ministériel du 27 février 2006 publié au Journal Officiel de la République Française n° 56 du 7 mars 2006.
Nous sommes également classés dans une nomenclature précise couvrant l’ensemble des domaines économiques de notre pays.
La thésaurisation permanente de l’or sous forme de lingots et monnaies, mais, également, de collections numismatiques anciennes, en tant que “valeurs refuges” et dans le cadre d’une diversification d’actifs patrimoniaux va éventuellement entraîner plusieurs problèmes d’appréciation par les tribunaux : en cas de vol, spoliation, partage (régime matrimonial, succession)... Il sera alors nécessaire de vérifier l’authenticité et la valeur qui ne sera pas du tout forcément la même que celle établie lors de l’achat ou celle du jour de la transmission de ces biens.
De plus, même si nous pouvons constater une dématérialisation croissante de la monnaie, représentation de l’activité économique d’un pays, au profit de moyens type carte bancaire, qui diminue les espèces circulantes, les masses énormes conservées, thésaurisées, découvertes plus ou moins fortuitement au hasard de travaux ou de fouilles plus ou moins clandestines resurgissent du passé.
Le développement du système bancaire dans sa conception actuelle est récent et dans l’inconscient collectif, ce système est faillible (banque de Law, folie des assignats...). Chaque famille a, donc, souvent conservé son bas de laine en mémoire ou en prévision de périodes troubles. Ce sont ces monnaies, lingots, titres, billets qui resurgissent quelques années, quelques générations ou ....quelques siècles après.
Ces mises à jour posent régulièrement, dans le ressort de toutes les Cours d’Appel de France, des problèmes juridiques sur la qualification, l’attribution et, de facto, quant à l’estimation des biens monétaires découverts ou quelquefois...volés.
Ma profession ne regroupe que peu de professionnels : le nombre de magasins de réception de clientèle, conseils, expertises, achat-vente pour la région Aquitaine est, de fait, limité à environ une dizaine.
Beaucoup de mes confrères ont organisé, de plus, leur activité autour du courtage et de l'achat-vente de métaux précieux, sans vouloir développer forcément la présentation d'un panel de médailliers suffisamment varié au niveau historique et ne leur permettant pas eux-mêmes, souvent, d’avoir les compétences sur l’ensemble de ce que recouvre ma discipline.
Le magasin type "bureau de change" avec sas blindé est, en fait, plus communément rencontré et ne permet pas toujours, il est vrai, au public d'accéder facilement à la numismatique et donc de l'apprécier.
Le nombre de numismates adhérents à une organisation professionnelle est également limité car cette adhésion est facultative. En effet, l'accès à ma profession n'est pas soumise à l'obtention d'un examen ou d'un concours d'entrée et la profession de numismate n'emporte pas adhésion systématique au syndicat professionnel. L'exercice est, bien sûr, lui, soumis à des règles impératives comme toute profession.
Ma pratique du commerce au niveau national et international au travers de l'activité commerciale de ma société et donc la connaissance des règles qui y sont attachés, la vision de ce flux d'objets et de monnaies plus ou moins anciens et dont l'ouverture des marchés facilite l'entrée sur notre territoire, ainsi que ma sollicitation permanente aux fins d’avis et d’expertises pour anticiper ou pour permettre de régler d’éventuels conflits m'ont fait prendre conscience de l'intérêt et de l'enjeu qu'il peut y avoir à mettre ses compétences non plus seulement à la disposition d'intérêts particuliers mais aussi dans la défense de l'intérêt général.
Cette mise à disposition dans le cadre de l'intérêt général ne m'est, d'ailleurs, pas totalement étrangère car je suis requis ou commis en tant qu'expert non inscrit par certains services judiciaires ou juridictionnels aux fins de découvertes à l'aide des détecteurs de métaux dont j'assure la commercialisation.
Les recherches que j'effectue dans ce cadre doivent aboutir à la découverte d'indices ou preuves permettant de concourir à la manifestation de la vérité.
L’activité de numismatique, comme celle de la détection et de la prospection réserve également de temps en temps de belles surprises. Il peut arriver de trouver dans un lot, a priori, sans grand intérêt, la monnaie rare, celle qui se cache discrètement, sans attirer l’attention comme ce 1/4 d’écu au buste juvénile de Louis XIV.
Cette monnaie bien que de petite qualité (TB) n’est référencée nulle part pour sa date et son atelier : 1659 T (Nantes), cette pièce officiellement n’existe pas, elle ne figure sur aucun registre.
Le début des frappes pour ce type date de 1661 et une seule monnaie a été retrouvée pour l’atelier de Nantes il s’agit de celle figurant dans la collection Moisan (Morbihan) pour l’année 1672.
Donc, vous avez devant vous, la deuxième monnaie connue pour ce type et cet atelier que j’ai eu le plaisir de découvrir dans mon activité : un véritable trésor.